L'énergie comme monnaie invisible de performance
4% de batterie sur un PC surpuissant.
Tout est là pour performer : les meilleures applis, systèmes, capacité… sauf qu’il ne reste que 4% de batterie.
Tu peux fermer tes apps, baisser la luminosité, aller fouiller pour optimiser tes paramètres d'affichage. Mais à un moment, plus rien.
Tout le temps du monde, mais pas d'énergie.
Souvent, c'est exactement ce qui nous arrive. On ne manque pas d’outils (ni d’idées d'ailleurs). On manque de quoi les alimenter.
Quand ton système d’organisation tourne à vide
Tu as probablement déjà ressenti cette dissonance :
Une to do bien construite, des créneaux calés, du deep work bien réservé dans ton agenda. Mais au moment de t’y mettre… rien. Vide, brouillard, fatigue ou encore agitation. Tout était théoriquement parfait, mais la simple confrontation à la réalité a suffit pour tout détruire.
Ca impacte la "performance" actuelle, mais aussi et surtout le comportement à venir :
- Tu repousses, décales, réduis tes pauses
- Tu compenses par la culpabilité (et tu remets ça demain)
- Et tu tombes dans la boucle : Je dois mieux m’organiser → encore plus de planning → encore plus de friction
On organise souvent notre temps comme une machine, sans prendre en compte le simple fait qu'on fonctionne comme un humain.
Et un humain, c’est cyclique. Ce n’est pas fait pour produire en continu, mais pour alterner dépense et renouvellement d’énergie.
L’énergie est la véritable monnaie de la performance
“Energy, not time, is the fundamental currency of high performance.”
Jim Loehr & Tony Schwartz
C'est ce que montre Loehr & Schwartz dans The Power of Full Engagement. Tu n’es pas limité par les heures que tu as, mais par l’énergie que tu es capable d’investir consciemment dans tes heures. L'optimisation du temps est utile mais limité, car c'est une ressource fixe et linéaire. L'énergie, elle, est modulable, variable, rechargeable.
Ce qui en fait souvent la ressource la plus limitante, et celle que l'on peut le plus optimiser.
Et surtout : il n’y a pas une énergie, mais quatre à gérer de manière synchronisée.
Les 4 dimensions de l’énergie humaine
- Énergie physique (le carburant de base : sommeil, nutrition, mouvement, hydratation)
- Énergie mentale (clarté, capacité d'attention, de concentration, de réflexion, d’analyse)
- Énergie émotionnelle (résilience, gestion du stress, sensations, interactions sociales)
- Énergie spirituelle (alignement, sens, valeurs, mission personnelle)
Ce que Loehr & Schwartz appelle "engagement total" émerge lorsque ces quatre niveaux sont alignés et nourris.
Pourquoi ça coince (même chez les plus organisés)
Parce que les systèmes classiques :
- Privilégient le temps au lieu de l’énergie
- Valorise la constance au lieu du rythme
- Poussent à produire au lieu d’alterner
En voyant passer partout du contenu sur l'optimisation du temps, on se concentre naturellement dessus. Comment faire pour en faire plus ?
Quelle est la meilleure méthode pour organiser mon emploi du temps ?
Quels outils ou applis peuvent m'aider à mieux m'organiser ?
Un bon début, mais on zappe le gouffre d'optimisation si on n'évoque pas l'énergie.
Le bon timing est une question d’énergie disponible. L'efficience vient d'un renouvellement.
- Pourquoi chercher à travailler plus quand on peut faire ce qui doit être fait 3x plus vite (en identifiant nos pics d'énergie) ?
- Pourquoi continuer à chercher la meilleure méthode d'organisation quand il suffit de bien se connaitre ?
- Pourquoi rogner sur nos pauses, quand c'est justement elles qui nous offrent l'occasion de performer ?
Sur le dernier point, c'est exactement comme un athlète. Sans récupération intégrée, tu peux performer fort, mais pas longtemps.
L'intensité ou le niveau de stress est rarement le problème d'une surcharge. La véritable source d'épuisement vient de la durée de ce stress sans récupération. La performance durable peut se trouver dans ce rythme alterné entre dépense et renouvellement d’énergie.
Stress + Récupération = Croissance
Stratégies concrètes pour une énergie orientée performance
1. Identifier ton rythme biologique réel (au lieu de calquer ton agenda sur des modèles abstraits)
Commence par une semaine d’observation.
Note quand tu es vraiment en forme, dans le flow, ou dans le flou, sans aucune motivation. Toutes les heures, tu peux noter ton niveau d’énergie sur 10.
Tu vas découvrir ta vraie courbe énergétique naturelle.
C’est ton alliée la plus précieuse. Caler tes tâches stratégiques sur tes pics = effet de levier massif. (c'est pour cette raison que c'est la base des Saisons Stratégiques).
Tu peux comparer ou ajuster avec les résultats que tu obtiens avec des tests de chronotype comme celui-ci ou celui-là.
Le niveau d'après si tu veux aller plus loin, c'est de d'associer toutes tes typologies d'activités par tranche horaire. Tu définis intentionnellement "quoi faire quand", parce que tu connais le moment parfait pour chacune de ces activités.
Tu peux te retrouver avec quelque chose comme ça :

2. Structurer ta journée en alternance sprint / repos (au lieu de chercher l'équilibre constant)
Quand tu démarres une journée (notamment de travail), tu peux le voir de 2 manières :
- Une liste de choses à faire
- Une performance à orchestrer
Autrement dit, soit tu te mets en auto pilot et tu subis tout ce qui va t'arriver dessus (avec de grandes chances pour que tu juges tout ce flux d'injuste et créant une énorme charge mentale).
Ou alors, tu y ajoutes une touche d'intention pour aller chercher l'efficience et le plaisir de la performance.
Dans le second cas, ça se fait en s'inspirant des athlètes ou artistes, qui sont sûrement les meilleurs exemples.
Tu ne peux pas être bon sur un 100m si tu viens de courir un marathon. Et tu ne peux pas progresser efficacement au violon si tu ne laisses pas de l'espace mental disponible (grâce au repos) suite à ta pratique délibérée.
C'est justement ce repos qui est structurant, si tant est qu'il soit de qualité (non, pas en prenant 5min pour checker tes mails vite fait). Ce qu'on peut appeler du repos délibéré (idée notamment développé dans le livre Rest d'Alex Pang).
3. Installe des rituels de recharge (au lieu de compter sur ta volonté)
La discipline et la volonté sont des ressources limités. Au lieu de se forcer et de nous pousser à agir, un rituel bien conçu peut naturellement et automatiquement nous emmener vers le bon comportement.
Cette automatisation par le rituel, c'est une stratégie clé pour tenir sur le long terme. Tu rends la recharge d'énergie automatique.
Exemples :
- Le matin → verre d’eau + lumière naturelle + mouvement
- Après deep work → 10min de respiration / étirements
- En fin de journée → méditation + journaling
Le cadre systémique : suivre un cycle cohérent
Un modèle simple pour penser ta performance non plus en agenda, mais en cycles d’énergie :
1. Détection → Prise de conscience de son organisation et identification de son fonctionnement
2. Allocation → Choisir la bonne tâche au bon moment (selon ta courbe d'énergie)
3. Dépense → Sprint intentionnel, énergie orientée et concentrée
4. Renouvellement → Pause active stratégique
5. Réinitialisation → Rituel de transition (pour réengager ou couper net)
Chaque journée devient une boucle, un cycle.
Plus tu maîtrises l’alternance, plus tu performes sans t’effondrer.
Les 3 points clés
- Le temps est fixe. L’énergie est variable, ce qui en fait l'élément limitant et la composantes principale à optimiser
- Tu es un système cyclique, c'est donc plus cohérent de chercher à performer en série de sprint plutôt que dans un équilibre constant
- Une organisation sans énergie est une coquille vide (aligne ton agenda sur ta courbe énergétique, pas l’inverse)
“Ce n’est pas l’intensité qui tue. C’est l’absence de récupération.”
Loehr & Schwartz
Bon week-end,
LA